Ouarzazate, au pays des kasbahs et des vues en cinémascope
Châteaux et forteresses en pisé, palmeraies, oasis et vallées aux étroits défilés… Depuis huit décennies les plus grands cinéastes posent leurs caméras dans ces décors de merveilles aux portes du désert marocain.
Texte et photos Catherine Gary
Sur la route des kasbahs et des forteresses de terre
On les dirait tout droit sortis du Moyen Age avec leurs hautes parois aux ouvertures festonnées et leurs tours ciselées. Voici le royaume des architectures berbères, ses détroits, ses falaises, ses oasis et ses palmeraies. Du vert, de l’ocre qui vire au rouge incandescent au crépuscule, silhouettes irréelles sur l’horizon qui disparaissent dans la nuit. Et le jour elles s’affirment dans la pure lumière d’un indigo semblable aux cheichs des hommes du désert. Ces beautés jalonnaient jadis les haltes caravanières ; aujourd’hui elles justifient à elles seules le voyage entre vallées du Draa, du Todra et du Dadès.
L’ancien domaine du Glaoui, un mystérieux dédale
On vient à Ouarzazate parce que la ville est aux portes du désert et de ses vallées fascinantes. Mais aussi parce que là se dresse l’une des plus anciennes kasbahs berbères, Taourirt, classée au Patrimoine mondial. Erigée au XVIIè siècle, elle fut jusqu’en 1956 la résidence du Glaoui, haut dignitaire qui eut son rôle dans la pacification du Maroc durant le protectorat français. On se faufile depuis la cour d’honneur et ses tours crénelées jusqu’aux différents étages à travers un labyrinthe d’escaliers. Ils débouchent sur des pièces donnant sur le vieux village, les jardins et la plaine. A travers les moucharabiehs du harem ou les grilles en fer forgé. On admire au passage les plafonds façonnés de roseaux, de troncs de palmiers, de bois de rose ou d’ébène et les stucs sculptés. Tout autour, la médina à ciel ouvert est peu à peu restaurée.
Une Mecque du 7è art qui ne cesse de tourner
Si le Septième art a choisi la région c’est pas par hasard. On y trouve d’époustouflants décors naturels. Plaines désertiques, forteresses d’adobe ocre et pourpre perchées sur les falaises, détroits débouchant sur des vallées encaissées où serpentent oueds et jardins de fleurs et de fruits… De magnifiques scènes de tournage. En 1897 Louis Lumière y est déjà. En 1954 Jacques Becker y plante ses caméras puis David Lean en 1962 avec Laurence d’Arabie. Dès 1980 les gros budgets s’y succèdent. Scorcese, pour Kundun, Bertolucci pour Un Thé au Sahara, Ridley Scott pour Gladiator, Alain Chabat pour Astérix et Obélix, et bien d’autres… Quant aux décors artificiels, il suffit de pousser la porte des trois studios présents sur place. Aux Studios Atlas on se croirait chez Cléopâtre, les Grecs, les Romains ou dans l’univers de Game of Thrones. Au Musée du Cinéma, mémoire des tournages dans la région, des décors de Pompéi, du Moyen Age ou du Moyen Orient sont en service depuis des années. Last but not least, un Institut forme sur place à presque tous les métiers du cinéma. Qui dit mieux ?
Aït Ben Haddou un ksar inscrit au Patrimoine mondial
Surnommé “le Mont Saint-Michel berbère“ durant le Protectorat français, il s’agit d’un village fortifié gardé par ses hauts murs et classé par l’UNESCO en 1987. Il fut au XIè siècle un carrefour d’échanges entre l’Afrique saharienne et Marrakech. On grimpe les marches extérieures, abruptes, qui mènent au sommet pour la vue sur les maisons aux tours crénelées s’échelonnant en aplomb de la vallée de l’Ounila et de sa palmeraie. Là ont été tournées des scènes de Lawrence d’Arabie, du Diamant du Nil et d’autres trop longues à énumérer. D’ailleurs, parmi les anciens nomades sédentarisés vivant ici, beaucoup sont embauchés comme figurants. De beaux souvenirs qu’ils aiment vous raconter. Derrière les portes monumentales on découvre la mosquée, l’école coranique et une succession de petits ateliers à l’artisanat coloré.
Amridil, modèle parfait de la Kasbah berbère
A une demi-heure de Ouarzazate, elle est l’archétype même de la beauté architecturale locale. Amridil, citadelle placée sur une ancienne route caravanière, se dresse au cœur de la grande palmeraie de Skoura ou quelques petits villages d’agriculteurs perpétuent des savoirs ancestraux. Un savant système d’irrigation leur permet de cultiver figuiers, grenadiers, abricotiers et dattiers ainsi que céréales, olives et amandes. Le tout complété par un joli travail de poterie et de vannerie que les touristes apprécient. Au centre de la citadelle et de ses quatre tours crénelés un petit musée décrit les us et coutumes locales avant la vue plongante vue sur la plaine verdoyante.
Gorges du Dadès, un spectacle grandiose sur des kilomètres
C’est l’un des plus étonnants paysages du Maroc et l’écrin de centaines de kasbahs dont les silhouettes se détachent dans un camaïeu de couleurs changeantes. Ocre, orangé, fauve sur fond de massif rocheux aux parois vertigineuses serpentant dans ces paysages arides égayés de jardins et de palmeraies. La route descend en lacets dans ce domaine des oiseaux et des mouflons et chaque virage délivre ses paysages époustouflants. Si bien qu’on ne peut s’empêcher de faire halte en bord de route pour immortaliser ces vues de bout du monde dans un sentiment d’éternité.
L’accueil à la marocaine au Berbère Palace*****!
A deux minutes de l’aéroport cet hôtel construit en 1991 dans le pur style berbère, hautes tours carrées et allures de forteresse, est une véritable immersion dans la magie marocaine. Les 249 chambres et suites à la décoration très soignée se dispersent le long des allées plantées de roses et de jasmins. Quelques acteurs paressent avant de rejoindre leur équipe de tournage autour de la piscine où quelques décors de ciné rappellent la vocation de la région… Le soir on déguster la pastilla, le tagine et les viandes mijotées aux épices et aux fruits secs dans une ambiance chaleureuse et sélect. Et tout au long du séjour le moindre souhaits se trouve réalisé.
Pour en savoir plus :
Y aller
Transavia,1ère compagnie low-cost entre la France et le Maroc, (groupe Air France-KLM) a inauguré le 7 novembre dernier sa ligne directe Paris-Ouarzazate. 2 vols hebdomadaires, le jeudi et le dimanche à partir de 64 euros TTC.
www.transavia.fr
Visiter :
. Musée du cinéma. Face à la kasbah de Taourirt
https://www.madein.city/ouarzazate/fr/places/musee-du-cinema-19840/
. Studios de cinéma Atlas. A 5km de Ouarzazate visiter les envers du décor en compagnie d’un guide. Passionnant !
Tél. : 212 524 88 22 23
. Le souk face à la kasbah de Taourirt et à côté du musée du Cinéma. Une succession de cavernes d’Ali Baba où il est possible de faire de beaux achats d’artisanat.
Dormir
. Berbère Palace à Ouarzazate. Une base idéale pour découvrir la région. On y croise discrètement le monde du cinéma, artistes, metteurs en scène, techniciens… Tout y est parfait.
www.hotel-berberepalace.com
. La Maison des rêves de la chaîne Luxury Dream Hôtels. Restauré de façon luxueuse, cet hôtel dans une kasbah des années 20 a tout misé sur le raffinement et l’excellence. Succession de patios, 14 suites et villas. La cuisine est servie sur des tables dressées en différents endroits d’un jardin des merveilles.
www.darahlam.com
Se régaler :
. Ksar Ighnda. Ce boutique hôtel au style architectural berbère à 30mn de Ouarzazate permet aussi la découverte du vieux village que le propriétaire français, restaure peu à peu. Belle visite avant ou après un déjeuner raffiné dans la grande salle à manger décorée par les artisans locaux. Charme et confort, jardins, piscine et Spa.
www.ksar.ighnda.net
. Le Jardin des Arômes. Au centre de Ouarzazate. Dans ce lieu raffiné on déguste le meilleur de la gastronomie marocaine autour d’un patio et dans un décor chaleureux.
https://www.bestrestaurantsmaroc.com/fr/restaurant-maroc/jardin-des-aromes.html