Sur l’ensemble de son territoire, la République tchèque compte plus de 2000 châteaux forts et châteaux.
Ce dense réseau de demeures royales et aristocratiques, qui s’est développé depuis le XIIème siècle, attire tous les ans des millions de visiteurs amoureux de l’histoire et de l’architecture. En 2021, CzechTourism invite le visiteur à découvrir ces témoins de l’histoire qui se succèdent sur tout le territoire.
Les origines des châteaux-forts en pierre
Dans les pays tchèques, les premiers châteaux-forts en pierre sont construits à partir du XIIème siècle, au moment où l’art roman y atteint son apogée. Non loin de la frontière allemande, à l’ouest de la République tchèque, se situent les ruines du château-fort de Primda, le plus ancien château-fort tchèque édifié en 1121. Des noyaux romans se trouvent aussi aux châteaux-forts de Landštejn, Loket ou Bítov, construits pour protéger d’importantes routes commerciales et les frontières du pays.
Mais c’est au XIIIème et XIVème siècle, au moment où le style gothique s’installe dans les pays tchèques, que le réseau des châteaux-forts s’élargit. D’abord sont construits des châteaux royaux comme celui de Zvíkov, Krivoklát ou Karlštejn qui gardent jusqu’à aujourd’hui leur aspect médiéval, avec de magnifiques ouvrages gothiques. La salle royale de Krivoklát, la chapelle de la Sainte Croix de Karlštejn ou la cour aux arcs ogivaux de Zvíkov sont les plus beaux exemples.
Aux châteaux-forts royaux s’ajoutent plus tard les châteaux-forts aristocratiques édifiés par des familles nobles qui gagnent de plus en plus en importance et en moyens. La maison de Markvartic érige le château-fort de Trosky, situé à proximité des villes rocheuses du Paradis tchèque. La maison de Sulislavec fonde au début du XIIème siècle le château de Zbiroh, où 700 ans plus tard Alfons Mucha installe son atelier pour peindre l’Épopée slave. Au cours des siècles la plupart des demeures changent de propriétaire, ce qui fait du château-fort de Ceský Šternberk une vraie rareté : il appartient à la famille des Sternberg depuis sa fondation en 1241 !
La Renaissance et l’art baroque
Alors que les châteaux-forts médiévaux sont édifiés pour défendre un territoire et ses habitants, c’est la fonction représentative et esthétique qui passe en priorité avec l’arrivée de la Renaissance italienne. Dans les pays tchèques, pour causes des guerres hussites et de la popularité du style gothique, la Renaissance ne prend une place importante dans l’architecture qu’au XVIème siècle. Pour faire étalage de leur puissance croissante, la noblesse et la bourgeoisie font alors transformer leurs châteaux-forts gothiques en châteaux-palais splendides tels que Ceský Krumlov (UNESCO), Jindrich Hradec, Buchlov ou Frýdlant et commandent la construction de nouvelles résidences. Les travaux sont souvent confiés aux architectes italiens. Giovanni Battista Aostalli construit le château de Litomyšl (UNESCO) et remanie le château de Pardubice tandis que Antonio Ericer travaille sur les châteaux de Ceský Krumlov, Telc ou Trebon. Mais le savoir-faire italien s’inscrit aussi dans l’histoire d’autres perles de style renaissance comme le château de Velké Losiny ou Náchod.
L’art baroque s’étend dans les pays tchèques au moment des grands changements sociaux suivant la Guerre de Trente ans. De nombreuses familles nobles et des élites s’exilent après la guerre et l’aristocratie fidèle à la dynastie régnante des Habsbourg, majoritairement catholique, affirme sa position. De magnifiques résidences baroques au plus grand confort sont construites en signe de prestige, comme le château de Jaromerice nad Rokytnou, le château de Vranov nad Dyjí ou le château de Buchlovice. Enfin, le château archiépiscopal de Kromerír (UNESCO) en Moravie centrale, subit au XVIIème siècle une grande transformation. Ses salles en style baroque et rococo accueillent aujourd’hui une des plus importantes galeries du pays avec des œuvres de Titien, van Dyck ou L. Cranach.
Du classicisme à l’historicisme
Si le classicisme n’est pas très présent dans l’architecture des châteaux tchèques, l’historicisme et le romantisme la marquent de manière importante. C’est au XIXème siècle que les châteaux de Hluboká nad Vltavou et de Lednice (UNESCO), les plus romantiques des châteaux tchèques, sont remaniés en style néo-gothique. Ce dernier est en plus doté d’un immense parc anglais avec des édifices romantiques tels que le temple d’Apollon, le minaret ou des fausses ruines du château de Januv hrad. Le style néo-gothique et un parc anglais sont également caractéristiques de la résidence principale tchèque de la maison des Rohans, le château de Sychrov. Moins connu mais tout aussi remarquable, le château de Cervená Lhota surprend par sa façade rouge néo-renaissance qui le place parmi les châteaux les plus filmés de la Tchéquie.
Quand le neuf rencontre l’ancien
Un château-fort médiéval délabré par les outrages du temps de l’extérieur, un superbe chef d’œuvre d’architecture moderne à l’intérieur. Rouvert après 6 ans de travaux en 2021, le château-fort de Helfštýn est un bel exemple de mélange entre l’ancien et le moderne. Le noyau historique du château a été délicatement rénové grâce à une étroite collaboration entre le studio architectural Atelier-r et les inspecteurs des monuments historiques locaux en mettant à l’honneur l’acier à corrosion superficielle. Le choix de matériel n’est pas un hasard car depuis 40 ans le château de Helfštýn accueille le Forum des forgerons, le rendez-vous annuel des meilleurs artisans forgerons du monde !
Le château de Prague
Le plus connu des châteaux tchèques et le plus grand du monde, le seul Château de Prague pourrait servir d’un manuel d’architecture par excellence. Une résidence des princes puis des rois et présidents tchèques à partir du Xème siècle, le complexe du château de Prague a subi de nombreux changements architecturaux à travers des siècles. Sur les fondations du site fortifié médiéval sont érigés au fur et à mesure des ouvrages gothiques (la cathédrale Saint Guy), Renaissance (le belvédère de la Reine- Anne, le Jeu de paume), baroques (le Manège, l’aile thérésienne) ou néo-gothiques (façade ouest de la cathédrale Saint-Guy). Après la fondation de l’état indépendant tchécoslovaque en 1918, c’est l’architecte slovène Joze Plecnik qui prendra la main sur les aménagements du château et de ses jardins. Enfin, les derniers travaux importants datent du premier mandat du président Václav Havel, qui confie le rôle d’architecte du château au designer Borek Šípek. Ses chaises iconiques surnommées « Olga » décorent encore aujourd’hui l’intérieur de la salle Espagnole, la plus grande salle de représentation du château.