De Naoshima à Hiroshima, cinq lieux qui transforment l’archipel japonais en musée à ciel ouver
Setouchi est devenu l’un des territoires les plus passionnants du Japon pour découvrir l’art contemporain hors des musées traditionnels. Ici, les œuvres dialoguent avec la mer intérieure, les villages de pêcheurs et les architectures audacieuses. Dans l’archipel de Setouchi, l’art contemporain se déploie en plein air. Chaque île propose son propre parcours artistique mêlant installations monumentales et créations plus intimistes, transformant le paysage en une galerie à ciel ouvert. Les visiteurs explorent ces lieux à pied, à vélo ou en bateau, alliant découverte culturelle et immersion dans un territoire unique.
Naoshima – L’île phare de l’art contemporain
Véritable icône de l’art contemporain japonais, Naoshima abrite certaines des œuvres les plus photographiées du pays. Sur le port, la célèbre citrouille jaune de Yayoi Kusama accueille les visiteurs. Plus loin, la version rouge à pois se dresse comme un totem pop. Le Chichu Art Museum, semi-enterré et conçu par Tadao Ando, met en scène Monet, James Turrell et Walter De Maria sous la lumière naturelle. Le Benesse House Museum mêle hébergement et galerie, permettant de vivre au plus près des œuvres.
Depuis le 31 mai 2025, Naoshima s’enrichit d’un nouveau lieu : le Naoshima New Museum of Art, dixième réalisation de Tadao Ando pour Benesse Art Site Naoshima et premier musée à porter le nom de l’île. Situé dans un village, il se consacre principalement à l’art contemporain asiatique et propose une rotation régulière d’expositions ainsi que des programmes publics, favorisant la rencontre entre habitants et visiteurs. L’exposition inaugurale “From the Origin to the Future” réunit douze artistes et collectifs d’Asie (Japon, Chine, Corée du Sud, Indonésie, Thaïlande, Inde, Philippines, Malaisie).
Shikoku, Kagawa
L’île de Naoshima est accessible en ferry depuis Uno (Okayama) ou Takamatsu (Kagawa). La traversée durée environ 20 minutes depuis Uno et environ 60 minutes depuis Takamatsu, avec des départs réguliers tout au long de la journée.
Ikuchijima : l’île-galerie qui abrite un jardin de marbre
L’art contemporain envahit peu à peu toutes les îles de la mer de Seto. L’île d’Ikuchijima, dans la préfecture d’Hiroshima, en est un exemple notable. Depuis 1989, des artistes, recommandés par les critiques d’art, sont invités à intégrer l’art dans la nature de Setouchi, sous le projet Island-Wide Art Museum. Au fil du temps, les sculptures se sont répandues sur toute l’île. La ville de Setoda, où se trouvent Ikuchijima et Konejima, compte actuellement 17 œuvres d’art en plein air. Parmi elles, Hill of Hope, un jardin de marbre italien blanc pur de 5 000 m², créé par le sculpteur japonais Itto Kuetani. Ce site est intégré au complexe du temple Kōsan-ji, un lieu spirituel unique qui mêle art contemporain et architecture religieuse.
Ogijima et Megijima : les îles d’art et de légendes
À Ogijima, l’art est pensé comme un lien social. Le long des ruelles escarpées, on découvre des installations créées par des artistes internationaux : des maisons transformées en œuvres d’art, des fresques sur des murs de pierre, des installations lumineuses au bord du port. L’œuvre Ogijima’s Soul de Jaume Plensa, par exemple, accueille les visiteurs dès leur arrivée. Composée de lettres de différents alphabets, elle projette au sol des ombres complexes tout au long de la journée. Devenue célèbre, Walking Ark de Keisuke Yamaguchi s’inspire de l’arche de Noé.
Voisine d’Ogijima, Megijima mêle art contemporain et légendes locales. L’île est célèbre pour sa grotte Onigashima Cave, supposée avoir été le repaire des Onis (démons du folklore japonais), aujourd’hui scénographiée avec des installations lumineuses et sonores. Dans le village, des sculptures comme Sea Gulls Parking Lot ponctuent les ruelles et le port. Megijima participe également à la Triennale de Setouchi avec des œuvres temporaires qui métamorphosent les espaces publics.
Ogijima & Megijima, Kagawa
Accès à l’île de Ogijima en 40 minutes de ferry depuis Takamatsu. Accès à l’île de Megijima en 20 minutes, souvent sur la même ligne que pour Ogijima, ce qui permet de découvrir les deux îles en une seule journée.
Le Simose Museum Hiroshima, plus beau musée du monde en 2024
Situé dans la préfecture d’Hiroshima, le Simose Art Museum a ouvert ses portes le 1er mars 2023 sous le concept de « regarder l’art dans l’art ». Conçu par l’architecte Shigeru Ban, lauréat du prix Pritzker 2014, le musée se distingue par ses huit galeries mobiles aux parois de verre colorées, inspirées des îles de la mer intérieure de Seto. Ces salles, conçues grâce à la technologie de construction navale locale, peuvent être déplacées sur l’eau, offrant une flexibilité unique pour la présentation des œuvres. Les couleurs vives de l’extérieur s’inspirent du travail du maître verrier français Émile Gallé (1846-1904), dont les pièces figurent parmi les collections majeures du musée. En juin 2024, le musée a été distingué par le Prix Versailles comme l’un des 7 plus beaux musées du monde, soulignant son approche innovante et immersive de l’art.
Au-delà du musée, Simose Art Garden Villa propose un hébergement unique directement au cœur de l’expérience artistique. Les villas, également conçues par Shigeru Ban, ouvrent sur des jardins et des espaces conçus comme des œuvres vivantes. Chaque chambre permet aux visiteurs de se réveiller entourés de sculptures et d’installations contemporaines. Simose Art Garden Villa bouleverse définitivement l’expérience muséal.
Nagi Museum of Contemporary Art – Quand l’espace devient matière
Dans l’arrière-pays d’Okayama, l’architecte Arata Isozaki a imaginé un musée où architecture et œuvres fusionnent : le Nagi Museum of Contemporary Art. Les espaces d’exposition sont organisés autour de trois thèmes — dans la galerie « Sun », le cylindre de Shusaku Arakawa + Madeline Gins et son jardin de pierres stimulent les sens ; la galerie « Moon » de Kazuo Okazaki propose une atmosphère onirique avec son espace en croissant et l’œuvre dorée HISASHI ; la galerie « Earth » d’Aiko Miyawaki présente des sculptures en fil d’acier inoxydable évoquant le passage du temps.
Inauguré en 1994, le Nagi Museum of Contemporary Art s’inscrit ainsi dans une démarche résolument avant-gardiste, tout en valorisant le lien profond entre l’homme, la nature et la création artistique.
