Brive ? Pas gaillarde pour rien ! « Riant portail du Midi », la conviviale cité corrézienne s’affirme avec force sur un mode « agri & culture ».
Texte et photos Richard Bayon. De foire au livre en foire au gras, ici est douce France, ici est bonne France ! On l’appelle « le train du cholestérol ». Celui qui, le premier week-end de novembre, relie Paris Austerlitz à Brive-la-Gaillarde. Quatre heures et demie un peu longues qu’il faut bien occuper pour déplacer la fine fleur des écrivains parisiens jusque dans le nombril de la France, dans cette Corrèze presque aussi exotique que le Zambèze. D’où la belle idée de les tenir à bord « par la goule », de magret en foie gras et de cabécou en flognarde aux pommes, arrosés de vins des coteaux de la Vézère. De quoi arriver aussi repu que guilleret dans la plus grande ville du département, pour un festin de culture considéré comme la 2eme manifestation littéraire de France, avec près d’une centaine de maisons d’édition, plus de 300 auteurs et jusque dans les 100 000 visiteurs. Parmi les nombreux fidèles de cette grand-messe de la plume, Nathalie Nothomb et François Hollande sont des plus plus « selfisés ».
Autre ambiance fin juillet, lors du Festival de l’Elevage, quand Brive devient une ville à la campagne, avec une ferme géante de quelque 400 bêtes, dont une bonne moitié de bovins limousins « qui en ont ». Sibeau, Spartacus, Rififi et autres Sexbombe rivalisent alors dans des concours qui n’ont rien du Goncourt, cette deuxième plus grande foire agricole, après celle de Paris, attirant au coeur de la cité, plus de 30 000 curieux de veaux, vaches, cochons, couvées…De livres en bestiaux, Brive fait en tout cas recette, d’autant plus que le « bien manger » y a pignon sur rue, car s’il est une destination gourmande par excellence, c’est bien celle-là.
Élevage dans les verts et gras pâturages, légumes dans les plaines de la Corrèze et de la Vénère, cèpes et girolles dans les forêts de chênes, charmes et châtaigniers… et des noix à pleins paniers : on est bien là dans un pays de cocagne qui fait recettes. Celles de la distillerie Denoix n’ont d’ailleurs pas changé depuis 1839, un certain Monsieur Denoix s’étant alors lancé dans la fabrication de liqueur… de noix.
Cinq générations plus tard, son arrière-petite-fille, Sylvie Denoix, perpétue la tradition en cassant bon an mal an quatre tonnes de noix, dont elle tire notamment une Suprême Eau de Noix qui fait référence. Dernier liquoriste français à pouvoir se glorifier d’un « même famille, même lieu, même savoir-faire », la maison Denoix a d’ailleurs été labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, ses chais, au coeur de la ville, relevant du musée. Du vieil alambic aux chaudrons en cuivre et foudres hors d’âge, le temps semble s’être figé, dans ce temple rutilant qui a valeur de monument historique.
On y vend aussi la suave moutarde violette de Brive dont les Denoix ont relancé la fabrication. Créée au XIVe siècle par le « grand moutardier » du pape Clément VI, elle doit sa couleur naturelle au moût de raisin qui fait sa spécificité. Elle est emblématique d’une cité qui sait ce que bien manger veut dire… et que chanta Brassens : « Au marché de Briv’-la-Gaillarde, à propos de bottes d’oignons, quelques douzaines de gaillardes, se crêpaient un jour le chignon… » Ah ! Les fameux marchés de Brive… Se perpétuant depuis le XIIIe siècle, les samedis de fin novembre à février, ses foires grasses ont d’ailleurs lieu sous la halle Georges-Brassens. Glorifiant le terroir avec des étals débordants de foies gras, chapons, oies et canards dûment plumés, elles doivent aussi leur notoriété au marché contrôlé aux truffes, dont l’ouverture se fait à la cloche, à 9h pétantes. La truffe, on la retrouve généreusement râpée dans l’omelette dont on peut se pourlécher aux tables communes de la Halle Gaillarde, cet autre lieu de « lèche-babines » régalant les Brivistes tout au long de l’année, avec sa quinzaine de commerçants de bouche : ambiance assurée le dimanche midi, quand on y arrose les victoires du légendaire C.A. Brive, le centenaire club de rugby.
Fief de la gourmandise et de l’« ovalie », Brive vaut aussi par ses vieilles pierres. De la collégiale Saint-Martin, à la Tour des Echevins, et du théâtre au phare de l’office de tourisme, on prend plaisir à flâner dans les rues d’atmosphère d’un centre-ville largement piétonnier et riche de maintes bonnes enseignes, telles celle de la boulangerie Golfier, réputée pour ses madeleines au chocolat, et celle de la chocolaterie Lamy qui, s’étant agrandie en rachetant le bâtiment d’une ancienne banque, en a gardé la salle des coffres pour que ses clients les plus « addict » de fèves y abritent leurs lingots à croquer. Autre boutique remarquable, celle de « Ici c’est la Corrèze », vouée à… Jacques Chirac, décliné là de lunettes et tablier !
On aura compris que Brive a tout pour plaire, mais il serait dommage de ne pas musarder alentour tant les sites pittoresques et beaux villages y foisonnent, de Saint-Robert à Turenne et de Donzenac à Collonges-la-Rouge. L’abbaye cistercienne d’Aubazine vaut aussi le détour : ce fut là que Coco Chanel passa son enfance, dans ce qui était à l’époque un orphelinat. Elle s’inspira d’ailleurs des vitaux de l’église pour dessiner les deux C entrelacés qui deviendront son célèbre logo. Comment enfin, ne pas courir le pays, sans emprunter çà ou là la Route de la Noix, qui, sur 612 communes de trois départements, glorifie cette noix du Périgord anoblie d’une AOP, le Moulin de la Vie Contée, entre Collonges et Turenne, la sublimant en d’exceptionnelles huiles couleur d’or. Riche en omégas 3 et 6, calcium, magnésium, phosphore, zinc, cuivre, fer et vitamines E, B1, B6, B9, c’est le trésor de santé. Celui qui vous… ragaillardit !
Richard BAYON est un Parisien émigré en Touraine, qui a vécu tantôt dans la capitale, tantôt dans la cité Tourangelle. Parfois, il dit vivre entre Seine et Loire, mais c’est bel et bien au bord du fleuve classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité (‘World Heritage’ en anglais) qu’il vit, et même très exactement à 150m de l’indomptable Loire.
Atteint d’une maladie incurable appelée ‘la bougeotte’ ou ‘la voyagite aigue’, il totalise 107 nations, pays et autres terres éloignées au compteur. Des pays, où il a séjourné de quelques heures à plusieurs mois, dont certains états où il a eu l’occasion d’y passer et repasser plus de 40 fois.
Affublé par un confrère Grand Reporter du joli sobriquet de ‘Morpion de Carlingue’ parce que passionné d’aviation commerciale, et de transport aérien en général, il prétend avoir pris l’avion près de deux mille fois sur les cinq continents mais s’impatiente d’avoir encore tant de choses à voir.
Sur sa réussite, l’homme est très critique, mais aussi réaliste : ‘je ne sais pas, ou n’ai pas fait un milliard de choses, que tout un chacun sait, connaît, ou a fait ; mais j’ai fait, vu et rencontré un milliard de choses que beaucoup ne verront sans doute jamais.
Au chapitre des prétentions, il en affiche deux sans vergogne : avoir un sens de l’orientation, donc de la géographie du monde, hors du commun, vraiment hors du commun (il prétend aller plus vite que n’importe quel GPS : ndlr) et parle sept langues quasi couramment et peut se faire comprendre dans cinq autres.
Question destinations ou pays préférés, sept paysages lui viennent de suite à l’esprit : le Vert de l’Ouest Irlandais, les Fjords Norvégiens, le Bleu et Blanc des îles Grecques, les Cirques de la Réunion, les Dunes de Sable du Ténéré, les Icebergs du Groenland, et les Rues pleines de vie de Bangkok en Thaïlande.
Ainsi de toutes ses pérégrinations : il sait que cinq choses le fascinent plus que tout: l’Immensité des Déserts, l’Inaccessible des Volcans, l’Intensité des Glaciers et des Icebergs, le‘Haka’ des All Blacks et la Force Tranquille des Eléphants.
De Queenstown en Nouvelle Zélande jusqu’à Illulissat au Groenland et de Johannesburg à Bangkok, il a roulé sa bosse, lui prétend surtout qu’il a ouvert ses yeux, et que ses voyages, tous ses voyages c’est son université permanente.
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