Entourés de leur mystère, les mégalithes entrent à l’UNESCO
C’est désormais officiel, les Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan sont inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, rejoignant les 53 sites déjà inscrits pour la France.
Une reconnaissance mondiale
Cette inscription consacre ce paysage culturel unique au monde, façonné il y a plus de 7 000 ans par des sociétés néolithiques dont l’ingéniosité continue de nous fasciner et nous interroger.
À l’instar de la Grande Muraille de Chine, des pyramides d’Egypte ou de la Grande Barrière de corail, les Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan rejoignent le cercle restreint des biens reconnus pour leur valeur universelle exceptionnelle. La Bretagne et le Morbihan vibrent de fierté pour cette première inscription régionale.
Un patrimoine millénaire façonné par l’Homme
Les 550 sites, témoins d’un génie créatif sans précédent, sont uniques au monde par leur implantation en lien étroit avec les paysages maritimes, la richesse des gravures retrouvées et la monumentalité des constructions.
Ils ont été pensés et érigés par des communautés néolithiques dont l’organisation sociale, les savoir-faire techniques et la vision symbolique du territoire en font un patrimoine exceptionnel à l’échelle de l’humanité.
Une démarche portée par la fierté bretonne
Cette inscription est l’aboutissement d’un engagement local de plus de dix ans, initié et porté avec détermination par les acteurs du territoire. Elle s’inscrit dans une volonté forte de préserver, transmettre et faire connaître ce patrimoine profondément ancré dans l’identité régionale.
C’est aujourd’hui une fierté collective pour la Bretagne qui voit son histoire, sa culture et ses paysages reconnus à l’échelle mondiale.
Une destination de référence mondiale
Avec cette reconnaissance, les Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan s’imposent désormais comme une destination culturelle de référence dans le monde du patrimoine mégalithique, aux côtés de sites déjà inscrits comme Stonehenge ou les Orcades.
Le territoire s’attache cependant à accueillir cette reconnaissance avec responsabilité, privilégiant une approche respectueuse et sensible.
Ainsi, la découverte des sites s’inscrit dans une logique de déambulation douce grâce à des itinéraires de randonnée et des aménagements conçus pour préserver l’intégrité des monuments et la sérénité des lieux.
Mythiques mégalithes…
Entre le Vème et le IIIème millénaire avant notre ère, le Golfe du Morbihan et la baie de Quiberon témoignent des innovations architecturales qui illustrent une période charnière de l’histoire humaine. Cette société, structurée et visionnaire, a profondément transformé le paysage du sud Morbihan en édifiant un ensemble monumental cohérent, dont l’empreinte marque encore aujourd’hui le territoire.
Le paysage est alors bien différent, la mer cinq à six mètres plus bas, le Golfe est l’estuaire de trois rivières et ses îles forment le sommet des collines.
Les chasseurs-cueilleurs se sont installés et s’enrichissent grâce à l’exploitation du sel. Les pains de sel constituent une formidable monnaie d’échange avec les territoires lointains, permettant d’importer de la jadéite des Alpes italiennes pour les haches d’apparat ou encore de la variscite d’Andalousie pour les perles des colliers.
Le musée de Préhistoire de Carnac témoigne de la richesse préhistorique du territoire, en se concentrant particulièrement sur le Néolithique (4 900 à 2 200 ans avant notre ère) et sur les pratiques liées aux monuments mégalithiques. Il présente l’évolution de l’architecture funéraire, l’art pariétal et la vie quotidienne à travers
une sélection de 3 000 objets archéologiques exposés.
www.museedecarnac.com
Aucun équivalent au monde par leur richesse, leur taille et leur diversité
Les plus connus sont bien sûr les stèles dressées appelées menhirs (en breton : men = pierre, hir = long).
Certains menhirs témoignent d’œuvres exceptionnelles et colossales réalisées par les hommes du Néolithique, à l’image du géant de Locmariaquer, un monolithe de 20 mètres de haut et environ 300 tonnes, aujourd’hui fragmenté en quatre morceaux au sol.
www.site-megalithique-locmariaquer.fr
Mais la plupart se répondent, formant des lignes parallèles, en lien avec la topographie et des facteurs symboliques, encore mystérieux.
Les alignements les plus complets et les plus impressionnants se déploient à Carnac et se terminent à La Trinité-sur-Mer. Au total, 3 000 menhirs se suivent encore sur 10 à 13 rangées, répartis sur 4 kilomètres et divisés en 4 ensembles : Le Ménec, Kermario, Kerlescan et le Petit Ménec. Ils étaient ponctués d’enceintes, nommées cromlechs.
Des visites guidées nous invitent au plus près de ces ouvrages tandis que la Maison des Mégalithes nous livre les clés.
www.menhirs-carnac.fr
Les hommes et les femmes du Néolithique ne maîtrisaient pas l’écriture mais communiquaient néanmoins, gravant dans la pierre leur quotidien et leurs croyances.
Juste à côté du menhir géant de Locmariaquer, le dolmen de la Table des Marchands dissimule ses symboles sous un cairn. À l’intérieur, on y retrouve un riche ensemble de gravures d’animaux ou de crosses.
Plus émouvant et plus spectaculaire encore, le cairn de Gavrinis se situe sur une île du golfe, à 20 minutes en bateau depuis Larmor-Baden. Bâti en hauteur, le cairn comprend 23 stèles gravées d’un système complexe de lignes et d’entrelacs. Son niveau de raffinement est tel qu’on le surnomme la « Chapelle Sixtine du Néolithique » !
cairndegavrinis.com
Pour en savoir plus…
Les dolmens, composés de deux pierres supportant une pierre de couverture, servaient de sépultures ; certains possèdent un couloir. Lorsqu’un dolmen est recouvert de pierres, on parle de cairn ; s’il est recouvert de terre, on l’appelle tertre. Le tout fait partie d’un ensemble appelé tumulus.
Au Néolithique, les dolmens étaient recouverts d’un tumulus. Certains, de taille impressionnante, dominent le paysage : ce sont des tombeaux exceptionnels par leur grandeur.
Pour retrouver les principaux sites accessibles : www.megalithes-morbihan.fr