L’hôtel The View Agadir prend le relais du Royal Atlas, le palace historique d’Agadir. Le luxe marocain, entre gastronomie et soirées au Buddha-Bar.
Cécile de Boismenu-Sepulchre
À Agadir, l’hôtel 5* The View est, peu ou prou, l’équivalent de l’Hôtel de Paris pour Monaco. Ce rendez-vous iconique de l’hôtellerie de luxe locale est l’héritier direct du plus ancien palace de la ville. Pendant plusieurs décennies, le Royal Atlas accueillait régulièrement la jet-set et, plus discrètement, la princesse Lalla Latifa, reine mère du Maroc, avec les cinquante membres de sa cour. Il est vrai qu’il bénéficie d’un emplacement royal face à la plage la plus cotée de la ville, sur la promenade du boulevard du 20 Août. Une situation qui a inspiré son nouveau nom, The View, en référence à sa large vue sur la lumière dansante de la baie d’Agadir.
Une rénovation totale a été menée par le groupe Atlas Hospitality et le designer Imaad Rahmouni. Après trois ans de travaux, l’hôtel a rouvert ses portes en 2023, offrant ainsi une décoration contemporaine et lumineuse, sur fond de pierres naturelles et de détails en bois peint en bleu.
Ici, le luxe est d’abord une affaire d’espace : la baie vitrée de son vaste lobby s’ouvre généreusement sur un immense jardin exotique, entourant une piscine aux contours sinueux. Les 272 chambres, à l’esprit Beach house, affichent de larges volumes, mettant en valeur de grandes baies vitrées et des terrasses donnant sur l’océan, la piscine et les jardins plantés de palmiers. Les superficies oscillent entre 39 m² pour les chambres classiques, toutes dotées de balcons, et 45 m² pour les suites exécutives, voire 255 m² pour la fameuse suite royale dont le décor demeure ancré dans la tradition. Au sous-sol, les salles de conférences ont parfois des allures de cathédrales, pouvant accueillir jusqu’à 400 personnes.
Pas de location pour les mariages, en revanche, afin de préserver le calme des clients du spa Amaya, situé au même niveau. Ce cocon de 1 500 m² décline des teintes douces sur fond de pierre et de marbre, avec des murs parsemés d’éléments décoratifs tels ces masques blancs africains suspendus dans les couloirs menant aux six hammams privés marocains, et à une demi-douzaine de cabines simples ou doubles pour les soins signés Natura Bissé. Smahane et Amal y dispensent de savants massages dans la tradition marocaine. On se reposera ensuite autour de la piscine à mosaïques, chauffée à 27 °C.
Dissimulés derrière la végétation tropicale tropicaux, les restaurants demeurent des pôles d’attraction majeurs pour qui cherche une adresse gastronomique à Agadir. Les voyageurs gourmands sont ici certains de trouver leur bonheur parmi six points de restauration explorant des registres très différents.
Au Mima Kitchen, la cheffe Assia Manar réinvente l’héritage marocain. Originaire de Fès, la jeune femme s’est initiée à la tradition enfant, en cuisinant jusqu’à six heures par jour pour sa grande famille, avant de poursuivre sa formation auprès de bonnes tables à Rabat, Dubaï et Paris. Elle invente des mets subtils, sublimant la tradition marocaine de terroir avec des notes originales à base de produits locaux : homard mariné au pistil de Taliouine et aux herbes de Houara, foie d’agneau à la charmoula, chrekate de gambas, pommes makrouta, gel d’harissa et chlorophylle de coriandre…
Au Sensya, le chef étoilé Francesco Franzese dédie pour sa part une ode à la cuisine italienne. Avec lui, les plats les plus simples atteignent des sommets gustatifs, telles ces pâtes cheveux d’ange aux anchois et piment ou ces fleurs de courgette farcies à la menthe et à la ricotta, accompagnées d’un sauvignon estampillé « The View ».
Sur la plage d’Agadir, la jolie terrasse colorée du Nazka by Buddha-Bar attend le chaland. Le chef Hamza Zahri y décline une cuisine d’inspiration péruvienne, pour des ceviches réinventés et des tapas variées. Une large gamme de cocktails accompagne ceux qui prolongent la fête jusque tard dans la nuit. Citons encore le restaurant Dielli pour des déjeuners au bord de la piscine, les petits-déjeuners pantagruéliques du restaurant Le V, le rituel du thé au Chay Lounge, et le bar Cedar Lounge pour les cocktails du soir.
Les plus branchés opteront cependant pour le Buddha-Bar, qui s’est solidement amarré à The View. En descendant un escalier aux marches lumineuses, situé à côté de l’entrée de l’hôtel, on atterrit dans une vaste salle au décor audacieux, entre murs en mosaïques de zelliges et jeux de lumières incandescents. Sur la scène, défilent les performances (danseuses du ventre contemporaines, équilibristes, chanteuses…) tandis que s’enchaînent les cocktails signatures et les mets fusion (sushis frais, fruits de mer, etc.) face à une jeunesse dorée d’Agadir en quête de Dolce Vita.
The View Agadir
Reservations : tarifs entre 255 euros la chambre en base saison et 1854 la suite en haute saison
https://theviewhotels.com/fr/our-views/hotel-agadir
City Guide Agadir :
Agadir, la “Miami du Maroc”, est désormais surtout appréciée ses longues plages blondes et la lumière enveloppante de l’Atlantique. Cette ville, autrefois bourrée de charme, a beaucoup souffert du tremblement de terre de 1960. Pour prendre la mesure de cette tragédie il faut se rendre à la Médina Polizzi.
Née du rêve de l’architecte Coco Polizzi en 1992, la Médina Polizzi (4,5 ha) reconstitue une médina aux abords d’un bois d’eucalyptus. Ruelles d’ocre, façades à savant croisillons de pierres, arcades, ateliers d’artisanat et amphithéâtre… On y trouve aussi de jolies boutiques dans une ambiance paisible.
En sortant de la Medina Polizzi, les amateurs de shopping feront escale à la Kasbah des artisans, sur la route d’Inezgane. Dénommé aussi Kasbah Souss, ce centre regroupe des artisans et des vendeurs proposant parfois de meilleurs prix qu’au souk.
Le fort de la Kasbah (Oufella) constitue un autre rappel poignant de l’histoire de la ville
la Kasbah d’Agadir Oufella offre sur la baie une vue sublime, particulièrement au coucher du soleil. Il reste les vestiges d’une ancienne citadelle, détruite par le tremblement de terre de 1960 et restaurée depuis peu : parcours pédagogique, accès payant au site (90 dh), accès par sentier, taxi ou téléphérique (recommandée pour le panorama).
Le Souk El Had : cœur marchand et sensoriel
Le Souk El Had est le plus grand marché urbain d’Afrique, labyrinthique, vibrant et coloré. Entouré d’enceintes de 6 m de haut, l’accès s’effectue par 13 portes impressionnantes, révélant ensuite un dédale de 3 000 échoppes s’étendant sur 13 hectares proposent textiles, tapis, épices, artisanat local, poteries, fruits, babouches, etc.
Ouvert du mardi au dimanche, privilégier les matinées
Le parc Olhao : parenthèse verte et mémorielle
En plein centre, le Jardin d’Olhao (ou du Portugal) rend hommage au jumelage Agadir-Olhão (Portugal) avec ses allées ombragées, ses fontaines et son Musée de la Mémoire, dédié au séisme de 1960.