Ici, le charme opère instantanément. Chaque pierre raconte une histoire, chaque vallée recèle un secret et chaque village invite à la flânerie.
Entre la majestueuse vallée de la Dordogne et la mystérieuse vallée de la Vézère, la nature s’épanouie, le temps semble suspendu et partout règne une rare harmonie.
SARLAT-LA-CANEDA : LA PERLE MEDIEVALE
Impossible d’évoquer le Périgord Noir sans faire escale à Sarlat, joyau médiéval classé Ville d’art et d’histoire, qui s’est développé autour d’une abbaye bénédictine au IXe siècle, puis a prospéré au Moyen Âge. Sur onze hectares, elle accueille 70 monuments classés ou inscrits, sublimés le soir venu, par un éclairage au gaz naturel qui rappelle le Moyen-Âge.
Prenons le temps de déambuler dans ses ruelles pavées bordées de maisons en pierre ocre et toits de lauze, pour remonter pas à pas le cours de l’histoire.
La cathédrale Saint-Sacerdos, d’inspiration gothique, domine le centre-ville. En été, elle accueille des concerts d’orgue gratuits le samedi à 11h00 très appréciés des Sarladais.
Le Manoir de Gisson, près de la place du marché aux oies, où trônent trois oies en bronze sculptées par Francois-Xavier Lalanne, est l’unique hôtel particulier de Sarlat ouvert à la visite. Il raconte la vie de la noblesse sarladaise. Jusqu’en novembre, il présente une exposition de costumes aristocratiques de la Renaissance.
A ses côtés, dans une maison du 15e siècle, se trouve le Musée de la Truffe. Il propose une expérience immersive, pour les grands et les petits, à la découverte du diamant local… la truffe noire. La visite se conclut par une dégustation et un passage par la boutique pour ramener quelques « souvenirs » gourmands.
Rue des Consuls, se cache, dans une grotte naturelle aménagée au XIIe siècle, la Fontaine Sainte-Marie, qui fut longtemps le point d’approvisionnement de la cité en eau potable. Le fond est orné d’une statue de la Vierge Marie en mémoire du miracle qu’elle aurait accomplie en éloignant en 1279 la peste.
La place de la Liberté, cœur vivant de la cité, accueille, le mercredi et le samedi, l’un des marchés les plus réputés de la région. Les merveilles locales – foie gras, truffes, noix et fromages – y rivalisent de saveurs. Bordées de terrasses de cafés et restaurants elle est le point de rendez-vous préféré des sarladais.
A l’extrémité, sous l’œil du Badaud – statue de bronze de Gérard Auliac – l’église Sainte-Marie, désacralisée, abrite le marché couvert, derrière une monumentale porte grise signée Jean Nouvel. Enfant du pays, il a également imaginé dans l’ancien clocher un ascenseur panoramique qui offre une vue imprenable sur les toits de la vieille ville.
La maison de La Boétie, situé au no 10 de la place du Peyrou, à droite du Passage Henri de Segogne, mêle harmonieusement un style médiéval et Renaissance. Ici naquit en 1530 le plus célèbre des sarladais, Étienne de La Boétie, philosophe et magistrat, ami de Montaigne et auteur du « Discours de la servitude volontaire ».
UNE SCENE CULTURELLE ANIMEE VIVANTE TOUTE L’ANNEE
L’été, Sarlat vit au rythme des festivals dont le Festival des Jeux du Théâtre, qui du 17 juillet au 2 août, transforme la ville en scène à ciel ouvert. L’hiver venu, le marché de Noël et la fête de la truffe ajoutent une touche magique à l’atmosphère déjà conviviale de la ville.
SARLAT POINT DE DEPART IDEAL POUR EXPLORER LA REGION
En quittant Sarlat une halte à Vitrac, au Domaine de Rochebois, s’impose pour ponctuer le week-end d’une note festive. Cette demeure du 19e siècle, aujourd’hui hôtel de charme****, programme le samedi soir un orchestre live. A découvrir en dégustant une sélection de tapas raffinés en profitant d’une vue imprenable sur la campagne et le balai aériens des montgolfières.
Aux alentours de Sarlat, les vallées forment un véritable corridor de châteaux. Le Périgord Noir en compte dit-on 1001, témoins de l’histoire mouvementée d’une région marquée par la guerre de Cent Ans et les rivalités religieuses. Chacun ayant sa propre personnalité voici quelques incontournables.
Accroché à flanc de falaise, le château de Beynac, construit au 12e siècle, fût un bastion stratégique français face aux Anglais. Son donjon roman, ses remparts crénelés et ses tours cylindriques témoignent de sa vocation défensive. Il a vu défiler de grandes figures comme Richard Cœur de Lion.
Le Château de Puymartin incarne à lui seul l’histoire mouvementée du Périgord. Édifié au XIIIe siècle, il fut pris par les Anglais, propriété des consuls de Sarlat et ravagé par la guerre de Cent Ans. Il doit sa renaissance au XVe siècle à Radulphe de Saint-Clar, et devient au XVIe siècle un bastion catholique lors des guerres de Religion. Classé monument historique, il est la propriété depuis 600 ans de la famille de Montbron. Puymartin séduit par ses décors peints uniques du 17e siècle, ses tapisseries d’Aubusson et des Gobelins, sa mise en scène avec des meubles d’époque. Mais c’est son atmosphère mystérieuse, entretenue par la légende de la Dame Blanche, un fantôme censé hanter les lieux, qui fascine le plus. Monsieur le Comte la racontera peut-être en personne si vous le croisez à votre arrivée.
Le château de Marqueyssac domine la vallée de la Dordogne depuis un éperon rocheux et offre une vue panoramique exceptionnelle. L’histoire du domaine remonte à la fin du 17e siècle, lorsque Bertrand Vernet de Marqueyssac, conseiller du roi Louis XIV, acquiert le site en 1692 et fait aménager les premiers jardins à la française par un élève d’André Le Nôtre. Ils s’offrent aujourd’hui à la promenade, avec six kilomètres d’allées ombragées, et présente 150 000 buis formant un véritable labyrinthe végétal.
LES TRESORS AUX ALENTOURS
À quelques kilomètres de Sarlat, le village de La Roque-Gageac, blotti au bord de la Dordogne, semble suspendu entre ciel et rivière. Au IXe siècle les moines de Sarlat s’y sont réfugiés et ont fortifié le site, édifiant un double rempart et un fort troglodytique, aujourd’hui visitable.
Classé parmi les plus beaux villages de France, ce joyau troglodytique est adossé à une falaise calcaire dans laquelle les maisons de pierres dorées, coiffées de toits de lauze, semblent littéralement incrustées. Celle-ci crée un microclimat unique, propice aux plantes exotiques – palmiers, bananiers, figuiers, cactus et bambous – qui s’épanouissent dans le jardin tropical près de l’église.
On y savoure les spécialités locales à La Belle Étoile, une adresse récompensée par un Bib Gourmand, véritable balcon sur la Dordogne et ses gabares, bateaux traditionnels à fond plat, qui permettent au fil de l’eau de découvrir le village sous un autre angle.
A Carsac-Aillac, il est indispensable de faire une halte aux Jardins d’Eau. Nés de l’imagination d’une famille passionnée de botanique en 1999, ils offrent une parenthèse enchantée aux promeneurs en quête de calme et de fraîcheur. Ils présentent une collection exceptionnelle de lotus, de nénuphars et papyrus dans un paysage aquatique fait de bassins, cascades et d’un labyrinthe de 3000m² en lévitation sur l’eau. Un moment suspendu, entre poésie et fraîcheur.
LA MYSTERIEUSE VALLEE DE LA VEZERE
A une vingtaine de kilomètres au nord de Sarlat, La Vézère, surnommée la « Vallée de l’Homme », est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses 15 sites préhistoriques majeurs et ses 25 grottes ornées dont la célèbre grotte de Lascaux, fermée au public depuis 1963. Une réplique intégrale en fac-similé de la grotte et de ses fameuses fresques pariétales datant de plus de 17 000 ans est proposée à la visite au Centre International de l’Art Pariétal Lascaux IV à Montignac-Lascaux. Une expérience immersive incontournable pour comprendre l’art et la vie de nos ancêtres.
Le territoire accueille de nombreux villages et sites pittoresques. Considéré comme la capitale mondiale de la préhistoire, le village troglodyte des Eyzies abrite le Musée National de la Préhistoire, dont la scénographie permet de comprendre l’évolution humaine à travers des outils, ossements et reconstitutions.
La vallée est aussi célèbre pour ses sites troglodytiques. Parmi les plus impressionnants celui de La Roque-Saint-Christophe. Habité par les hommes dans ses cavités naturelles dès la préhistoire il dévoile à 80 mètres de haut, sur plus d’un kilomètre de long, les vestiges d’une cité troglodyte, construite au Moyen Age, avec son église et son fort.
De Sarlat à la vallée de la Vézère, des châteaux forts aux abris troglodytiques, le Périgord Noir offre un voyage hors du temps, entre splendeurs naturelles et trésors historiques. Une invitation à l’émerveillement, à vivre et à revivre, saison après saison.
Isabelle Bourdet
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