L’agence de voyage Allibert Trekking, un des leaders de la randonnée dans le désert, a lancé au mois de février dernier, un appel aux dons pour les guides et agences de voyage de la zone Sahel, privés d’emplois et de revenus, depuis que la région, très instable politiquement, ait été fermée au tourisme. Un élan de solidarité qui servira à la réalisation de projets de reconversion fiables et durables.
« Le bilan de l’année 2007 s’annonce médiocre pour le tourisme nigérien. Le nord du pays, région la plus prisée par les visiteurs étrangers, est actuellement le théâtre d’affrontements entre les touaregs et l’armée régulière » annonçait le site Afrik.com en 2008. Et depuis, la crise s’est étendue à toute la zone Sahel, où les conflits politiques mais aussi l’enlèvement d’étrangers, touristes ou coopérants, auront eu raison du tourisme au Sahara. Une région pourtant très convoitée par les amoureux du désert et les trekkeurs, chaque année plus nombreux à venir usés leurs chaussures dans des paysages hors du commun.
Devenu dangereux, le Sahara a été coloriée en rouge sur la mappemonde du Quai d’Orsay. Alors aucun voyagiste français, dont l’agence Allibert, ne s’y risque plus, sous peine d’être tenu entièrement responsable du moindre pépin. Et cela depuis la loi Kouchner, votée en juillet 2010, visant les agences de voyage et touristes qui s’aventureraient de façon « irresponsable » dans des zones de troubles : « l’Etat peut exiger le remboursement de tout ou partie des dépenses qu’il a engagées ou dont il serait redevable à l’égard de tiers à l’occasion d’opérations de secours à l’étranger au bénéfice de personnes s’étant délibérément exposées, sauf motif légitime tiré notamment de leur activité professionnelle ou d’une situation d’urgence, à des risques qu’elles ne pouvaient ignorer ».
Alors cela fait quatre longues années que les guides, cuisiniers, chameliers, chauffeurs de 4X4 et réceptifs locaux se sont vu priver, au fil des évènements dramatiques qui font l’actualité internationale, de leurs emplois et de leurs revenus. C’est ce qui a poussé plusieurs agences de voyage françaises, comme Atalante en mai 2011 et aujourd’hui Allibert Trekking, à réagir et à lancer des actions solidaires pour permettre à ces populations, déjà défavorisées, à se reconvertir en attendant des jours meilleurs. Jeff Tripard, co-fondateur de l’agence Allibert et président de l’association Globetrekkeurs, explique que l’idée d’un appel aux dons a germé tout naturellement au sein d’Allibert Trekking. Cette agence basée à Chambéry, engagée et solidaire, depuis sa création en 1975, a toujours été très proche de ses collaborateurs sur place, voire même associée.
Au Niger, par exemple, où l’accès aux touristes a été fermé depuis un moment, explique Jeff Tripard, Allibert a continué à développer certaines actions avec les populations locales comme la mise en culture des champs. Chacun de nos guides possédait un lopin de terre, alors on les a aidés à améliorer cette activité en creusant des puits. Aujourd’hui, leurs besoins ont évolué et les dons récoltés serviront à leur souhait de construire et équiper une école en dur dans le village de Takaya, à 50 km au nord d’Agadez. L’objectif : assurer un nouvel avenir aux générations futures. Et aussi parce que la dégradation des conditions de vie des Touaregs, vivant du tourisme, a un impact terrible sur l’éducation des enfants dans un pays où le taux de scolarisation est un des plus faibles. En Mauritanie, où l’agence envoyait en moyenne 1000 touristes par an, soit une dizaine de groupes pendant la saison qui durait quatre mois, le tourisme s’est organisé dans la région d’Atar en fonction de la demande des agences de tourisme étrangères. On comptait environ 10 000 visiteurs en moyenne par an sur cette destination. Les Mauritaniens conscient de l’intérêt de ce nouveau secteur économique ont quitté leurs racines pour s’installer là où il y avait les touristes. Ils se sont structurés en agence de voyage, ont construits des hébergements, achetés des véhicules, … pour répondre aux besoins des tours opérateurs. L’arrêt brutal de l’activité touristique, puis l’annulation du Paris-Dakar, suite à l’attentat d’Aleg, a anéanti la vie de nombreuses familles. Même situation en Algérie, en Lybie, au Mali où les Touaregs se retrouvent eux aussi dans une réelle difficulté.
Alors les aider à se reconvertir et à pousser certains projets utiles pour leur communauté et leurs villages participent à l’esprit solidaire que défend Allibert Terkking. « L’an dernier l’agence a versé une somme symbolique pour maintenir un certain niveau de vie » explique Jeff Tripard. Mais le malaise durant, à cause des actions d’Al Qaida Maghreb (AQMI), les voyages ne sont pas prêts de reprendre : « le Quai d’Orsay nous interdit de partir et maintenant cela va être du long terme, alors mieux vaut que nos collaborateurs se restructurent sur du fiable et du durable » ajoute ce passionné conscient que l’avenir des Touaregs va être pendant quelques temps difficiles.
L’objectif de cet appel aux dons est donc de récolter au moins 50 000€ pour aider à financer des projets en Mauritanie, au Niger, au Mali et en Lybie. Allibert Trekking compte notamment sur ses clients, des voyageurs engagés, rappelle le co-fondateur de l’agence, qui se sentent concernés parce qu’ils ont bien appréciés cette grande époque du trek dans le désert. Et eux aussi ont envie de soutenir les guides touaregs, ceux qui un jour leur ont, comme à beaucoup, transmis la passion du désert.
par Nassera ZAID
Pour être GlobeTrekkeur solidaire, faites un don à Aide au Sahel sur
www.allibert-trekking.com/1040-don-globetrekkeurs.htm