Prix de l’humour politique 2025 : quand la répartie venue du large vole la vedette à Paris
Le 9 décembre 2025, au siège monde du groupe Accor, qui héberge le PressClub de France, la fine fleur du verbe politique s’est donné rendez-vous pour une cérémonie devenue incontournable : Le Prix de l’humour politique. Un cru 2025 marqué par des figures nationales bien connues — Claude Malhuret, Rachida Dati, Jordan Bardella , mais aussi une surprise venue de l’Atlantique Nord : le Prix de la répartie, attribué à Bernard Briand, président du Conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Un moment de grâce politique, où l’esprit a triomphé de la polémique.
Bernard Briand, ou l’art de la riposte élégante
Tout part d’une déclaration de Laurent Wauquiez, alors candidat à la présidence du parti Les Républicains, proposant l’installation d’un centre de rétention pour étrangers sous OQTF dans l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon. Une idée qui provoque l’indignation… mais surtout une riposte d’une intelligence rare.

Plutôt que l’invective, Bernard Briand et le Conseil territorial choisissent l’humour. Sur les réseaux sociaux, ils détournent l’acronyme OQTF avec un sens consommé de l’autodérision et de la communication politique :
- « On Quitte Tout Facilement » pour vivre à Saint-Pierre-et-Miquelon,
- « On vient en Quête de Tranquillité Familiale »,
- « Ouvriers Qualifiés pour Travailler dans le Froid ».
Une campagne brillante, virale, unanimement saluée pour son élégance et son efficacité . Le jury ne s’y est pas trompé : le Prix de la répartie 2025 consacre ainsi un humour décentré, venu d’outre-mer, rappelant que l’esprit français ne se limite pas aux bancs de l’Assemblée ou aux hémicycles parisiens.
Claude Malhuret, grand seigneur du verbe
Le Grand Prix 2025 de l’humour politique revient à Claude Malhuret, sénateur de l’Allier, récompensé pour l’ensemble de son œuvre. Tribun redouté, plume affûtée, il a marqué le jury par deux formules devenues virales :
- « Le budget s’annonce encore plus difficile à monter qu’un meuble Ikea. »
- « Pauvre extrême gauche dont le bilan se résume à un siècle à bouffer du curé pour finir par lécher les bottes des mollahs. »
Deux phrases qui résument à elles seules son style : caustique, intellectuel, sans concession.
Des prix qui dessinent le paysage politique
- Prix de la lucidité : Élisabeth Borne, pour sa déclaration déroutante — « On n’attend pas d’un ministre qu’il soit spécialiste de ses sujets. »
- Prix du meilleur espoir : Sébastien Delogu, figure remuante de la gauche, pour une formule sur le logement social devenue culte.
- Prix de la révélation comique : Jordan Bardella, pour sa pique assassine à l’encontre de Bruno Retailleau.
- Prix des bons comptes : Sarah Knafo, et son calcul vertigineux sur la dette attribuée à Bruno Le Maire.
- Prix du bon camarade : Jean-Louis Bourlanges, pour sa comparaison audacieuse entre poker et gouvernance.
- Prix de l’arc de triomphe : Rachida Dati, récompensée pour une métaphore équestre sur la composition de son parti.
- Prix de l’autodérision et Prix des internautes : Geneviève Darrieussecq, pour son aveu lucide sur son entrée puis sortie du gouvernement.
Quand l’humour devient un acte politique
Au-delà des saillies et des bons mots, cette édition 2025 révèle une tendance de fond : l’humour comme arme de communication massive. Plus encore, l’épisode Bernard Briand démontre qu’une réponse intelligente vaut parfois bien plus qu’une confrontation directe.
Dans un climat politique souvent tendu, la répartie venue de Saint-Pierre-et-Miquelon agit comme une respiration, une leçon d’élégance républicaine. Et rappelle que l’esprit français, quand il s’exprime avec finesse, reste une force redoutable.



