Sur ce bout de botte italienne où les flots agités du détroit de Messine réveillent encore les mythes de l’Odyssée, la Calabre sauvage et secrète attire aujourd’hui tout voyageur en quête de calme et d’authenticité.
Un pays entre deux mers à la fois riche et rude, des villages accrochés au flanc des falaises, des forêts à densité inextricable, une population fidèle aux traditions ancestrales… La Calabre va vous plaire !
Ici Grecs, Byzantins, Normands et Aragonais établirent leurs ports, élevèrent des temples et des églises, assurèrent leur prospérité en ancrant leurs coutumes et laissant des traces de leur passage. La terre a souvent tremblé, détruisant en partie ce qui avait été érigé, mais il y a encore de beaux restes et la Calabre séduira les amoureux de nature et de vestiges du passé. Il suffit d’accepter un temps qui semble s’être figé et de se laisser prendre aux charmes de l’authenticité. Car les Calabrais gardent en eux l’âme vivante de leur terre, ils se donnent le temps de vivre sans envier ce qui se passe dans les pays à côté.
Son isolement géographique a fait de la Calabre une région secrète et fière, riche aussi en traces du passé. Car sur ces terres pourtant rétives où l’olivier, le figuier et la vigne ont néanmoins réussi à s’adapter, de nombreux peuples se sont installés. Dès l’Antiquité la région est habitée par les Italiques, Oenotriens et Bruttiens, puis par les Grecs qui y fondent les colonies côtières de Crotone, Locres, Sybaris et Reggio Calabria… Leurs cités seront prospères ainsi que leur culture dont leurs philosophes, Pythagore en personne vécut à Crotone. Devenue République romaine au IIIᵉ siècle av. J.-C la Calabre est plus tard occupée par les Byzantins, les Goths et les Lombards.
Pendant deux siècles elle sera soumise au joug des Espagnols et plus tard rattachée au Royaume des Deux-Siciles sous les Bourbons de Naples. En 1860 Garibaldi débarque et la voilà intégrée au Royaume d’Italie. De quoi en avoir le tournis ! Terre pauvre elle était et pauvre elle restera en butte au brigandage et à l’émigration massive. Aujourd’hui le tourisme lui ouvre de belles perspectives aussi bien sur les côtes aux plages de sable fin, très fréquentées en été, que dans l’arrière-pays dont la nature, les villages, la gastronomie et le patrimoine ravissent les amateurs fuyant les itinéraires trop fréquentés.
Des villages perchés qui vous content leur histoire
La Calabre montagneuse s’étire entre mer Tyrrhénienne et mer Ionienne et regorge de bourgades à flanc de colline ou sur éperons rocheux avec vues spectaculaires et ambiance hors du temps. Parmi elles Gerace, surnommée la Florence du sud pour son riche patrimoine médiéval, dresse ses hauts murs au cœur du parc national de l’Aspromonte. Perchée sur un éperon rocheux elle domine la plaine plantée d’oliviers non loin de la mer Ionienne. Vous y accédez par une route sinueuse et, bien chaussés, vous gravissez les rues pavées. A Gerace les civilisations se sont croisées. Durant la période byzantine une centaine d’églises animaient ce gros village dont l’aura de spiritualité sera renforcée plus tard par la cathédrale cistercienne du XIe siècle, la plus haute de Calabre, bâtie par les Normands. Le musée garde quelques trésors d’orfèvrerie religieuse, une icône du Christ pantocrator du VIIe siècle, une très belle tapisserie des Flandres et une assomption de la Vierge en argent. Un village à ne pas manquer.
Tropea, perle rare qui défie la mer tyrrhénienne
Sur cette côte, dite “des Dieux“, les maisons à flanc de falaise sur la mer turquoise déclinent les couleurs de l’arc-en-ciel au soleil couchant avec au loin le sommet du Stromboli et sa calotte de nuages blanche comme neige. Très, voire trop, animée en été depuis que les touristes l’ont élue la destination de rêve de Calabre, Tropea est un pur enchantement au printemps ou en automne mêlant à son riche patrimoine le plaisir de la balade dans les ruelles escarpées et les saveurs locales. Du passé elle garde de belles traces souvent malmenées par les assaillants et les tremblements de terre mais l’ensemble médiéval plusieurs fois restauré est de toute beauté. A commencer par la cathédrale dont le portail de style mauresque rappelle que les Byzantins sont passés là avant les Normands. Les palais des XVIIe et XVIIIe siècle et les églises sont autant de haltes avant le spectacle de l’emblème des lieux, l’église Santa Maria del Isola à la pierre immaculée perchée sur son ilot rocheux. Le produit phare ici c’est l’oignon rouge très doux et toutes sortes de recettes dérivées dont regorgent les échoppes aux saveurs délicieuses.
Fabuleux patrimoine antique au musée de Reggio de Calabre
Elle fut la première colonie grecque en Italie à deux pas du détroit de Messine et du charmant village de pêcheurs de Scilla qui se dresse face à la Sicilienne Charybde et ses flots tumultueux contés par Homère. Son front de mer jalonné de jardins et d’œuvres d’art est tenu comme “le plus beau kilomètre d’Italie“ et son musée archéologique national vaut à lui seul le détour pour la richesse de ses collections de Grèce antique. La ville fut, on le présume, un foyer culturel raffiné au temps des Grecs comme l’attestent les deux célèbres Bronzes de Riace, chefs d’œuvre monumentaux du IVe siècle av. J-C., trésors du musée restaurés avec soin par les ateliers du Louvre il y a quelques années. La balade dans les rues aérées et les boutiques élégantes du centre-ville reconstruit sous Garibaldi après le tremblement de terre de 1908 est un autre plaisir des lieux.
A Pizzo, les souvenirs de Murat
Le village domine le golfe de Sant’Eufemia à proximité du Capo Vaticano, ce promontoire rocheux à découvrir en longeant la côte tyrrhénienne en bateau. Sur la piazza della Repubblica et au cœur des ruelles médiévales adjacentes se concentre l’animation des cafés et leur spécialité locale, le Tartufo, un régal de glace moulé à la main. Gros village perché sur la mer, Pizzo garde la mémoire de Joachim Murat, beau-frère de Napoléon qui fut un temps roi de Naples puis fusillé ici sous les Bourbons d’Espagne dans le château aragonais à son retour de campagne. A un kilomètre une volée de marche vous mène au niveau de la mer pour découvrir l’étonnante église troglodytique de Piedigrotta dont les scènes religieuses taillées dans le tuf vers 1600 par des marins sauvés d’une tempête illustrent la vie de jésus et sont l’objet d’un pèlerinage.
Les belles saveurs qui font aussi le charme de la Calabre
Elles sont nombreuses mais la plus connue c’est la bergamote, cet agrume d’orange amère croisé de lime qui est devenu symbole du pays dont il a fait la richesse depuis qu’enc1750 le parfumeur Jean-Marie Farina utilisa cette essence dans sa fameuse eau de Cologne toujours en vente aujourd’hui. La bergamote devient vite alors un ingrédient phare de la parfumerie mais aussi en confiserie, dans le thé, les liqueurs, les desserts. La quasi-totalité de la production mondiale de bergamote vient de la bande côtière de Calabre. Devenue une IGP elle incarne l’âme calabraise et a son musée à Reggio de Calabre.
Autre produit local, l’oignon rouge de Tropea à la forme oblongue se conserve en jolies tresses et sa douceur se prête à toutes sortes de recettes sucrées comme salées. Plus piquant est le piment dont on fait une spécialité locale, la Nduja, à base de saucisson et délicieuse en accompagnement. La réglisse autre tradition ancienne se consomme en bâtonnets ou en poudre. Et bien sûr, l’huile d’olive, en deuxième place après les Pouilles, est ici une excellence sans oublier les vins de caractère sur les terroirs entre terre et mer pour accompagner le tout.
Pour en savoir plus :
Se renseigner :
fr.visititaly.com/que-voir/calabre.aspxhttps://calabriastraordinaria.it/
www.ccif-marseille.com
Visiter :
. Village de Gerace
www.altiplano-voyage.com/europe/italie/villes/voyage-la-calabre/6747-gerace/
. Visiter Tropea :
www.routard.com/fr/guide/europe/italie/calabre/tropea
. Visiter Reggio de Calabre :
www.voyage-italie.fr/guide-italie/destination/reggio-de-calabre
. Musée de la Bergamote :
www.museodelbergamottoedelcibo.com
. Musée d’archéologie de Reggio de Calabre :
www.museoarcheologicoreggiocalabria.it/fr/
. Église de Piedrigrotta :
fr.italiani.it/la-petite-église-de-Piedigrotta-à-Pizzo-Calabria/
Se régaler :
. Déjeuner calabrais en plein air à la cave Masicei
Sur les hauteurs de Capo Vaticano cette cave produit une belle gamme de vins de caractère. Entreprise agricole familiale elle accompagne ses dégustations de délicieux produits locaux. Réservation requise.
Brattiro i Drapia
Tél : +39 333 46411662
https://www.cantinamasicei.it
. Déguster un Tartuffo à Pizzo
Piazza della Republica
www.gelateriadante.com
. Restaurant Il Porticato à Pizzo
Dans un beau bâtiment ancien de Pizza della Republica une enfilade de salles, ambiance chaleureuse et spécialités de poissons.
www.facebook.com/p/Pizzeria-Il-Porticato-100057338864749/
. Restaurant de l’hôtel 501
Si vous séjournez dans cet hôtel profitez de son excellent restaurant. En particulier son risotto aux champignons.
Viale E. Bucciarelli 18 à Vibo Valentia
Dormir :
Hôtel Tropis à Tropea
Situé sur les hauteurs de Tropea, à 5mn à pied du centre-ville. Excellente qualité d’ensemble. Piscine, Spa et confort des chambres
https://hoteltropistropea.com-hotel.com/fr/
