Pour qui s’éloigne du littoral, les Charentes réservent d’heureuses surprises bucoliques, des villages enchanteurs et la découverte d’artisans méconnus.
Angoulême, porte d’entrée du Tourisme en Charente
Angoulême, située à environ 2h de train direct de Paris, est devenue la porte d’entrée du vaste territoire des Charentes. Perchée au-dessus de ses anciennes fortifications, la cité offre un visage riant, entre vieilles pierres et œuvres récentes des dessinateurs qui animent son célèbre Festival de la bande dessinée, un évènement culturel majeur pour la région.
La plupart des voyageurs poursuivent vers l’île d’Oléron, Royan ou La Rochelle. Les plus curieux prendront un chemin à rebours pour s’enfoncer à la découverte des régions plus vallonées et authentiques, Charente Nord, Charente Limousine et Sud Charente, car il n’y a pas une mais plusieurs Charentes.
Hébergement de charme : le Château de la Partoucie
On commencera par poser ses valises au Château de la Partoucie, l’un des meilleurs hébergement de charme pour un séjour en Charente Limousine. Cette belle demeure du XVe siècle, entourée de douves et d’un parc fleuri de 16 hectares, offre une vue somptueuse sur une paisible campagne vallonnée. Un court de tennis, une piscine située dans l’ancien verger et un étang attendent les visiteurs.
Ce gîte de luxe propose cinq chambres d’une qualité particulièrement soignée. Confortables et décorées avec goût, elles sont parsemées de multiples détails délicats témoignant de l’attention des hôtes. On prendra un copieux déjeuner sur une terrasse entourée de douves avant de rallier la cité médiévale de Confolens, labellisée « Petite Cité de Caractère ».
domainedelapartoucie.fr/fr/accueil/
Découvrir Confolens : patrimoine et festival
Située à 4 km de là, sur une ancienne voie romaine, au confluent de la Vienne et du Goire (ce qui lui vaut son nom), Confolens compte de nombreux édifices publics anciens. Mi-août, les amateurs s’y pressent pour assister à son Festival des musiques du monde. Ici, comme dans la plupart des villes et villages des Charentes, on remarque nombre de maisons en pierre calcaire lumineuses, égayées de rosiers. La ville, qui revendique aussi le label « Pays d’Art et d’Histoire », abrite une « Boutique des créateurs » où l’on dénichera différents produits d’artisans d’art charentais : de jolis bijoux, des vanneries, savons, produits bio et les charmantes boîtes à messages de Sylvie O’Sullivan. www.instagram.com/la_maison_des_createurs/
Artisanat d’art : les céramistes
Pour les céramiques, on mettra le cap vers la boutique de l’atelier de Jacques Marchand à Brigueuil. Ce céramiste et son épouse Pierrette vous feront peut-être les honneurs de leur atelier. Jacques Marchand, ancien ingénieur en céramique, se passionne pour ces argiles qu’il va rechercher lui-même dans les carrières des environs, pelle à la main, pour ensuite faire sa pâte avec ses savants mélanges. Pour les puristes, seuls ceux qui font leur pâte eux-mêmes ont droit au titre de céramiste, contrairement à la mode actuelle qui veut que les trois quarts des potiers, achetant des pâtes toutes faites, se baptisent céramistes. Ensuite, selon son inspiration, Jacques Marchand la monte à la plaque, la pétrit ou la modèle au tournage. www.atelier-creation-marchand.fr
Sa consœur Annie Robin propose, dans son atelier de Barro, des céramiques d’une facture plus épurée. Des vases, bols, tasses, etc., aux lignes japonisantes, jouent sur des harmonies de beige et de teintes douces. Après avoir « dégourdi le biscuit », délicieuse formule, elle le trempe dans l’émail pour obtenir, après 13 heures de cuisson, de savantes nuances de couleur.
www.instagram.com/annierobin_ceramique/
Les maîtres verriers veillent sur le patrimoine
Parmi les artisans de la région Nord Charente, l’atelier Saint Joseph, tenu par deux maîtres verriers labellisés « Entreprise du Patrimoine Vivant », retient l’attention. Situé dans la charmante ville de Ruffec, cet atelier est un incontournable pour les amateurs de vitraux. Françoise Theallier et Philippe Riffaud œuvrent patiemment depuis 25 ans à la restauration et à la création de vitraux : réalisation de maquettes, passage du plomb, découpe des vitres, peinture des dessins, cuisson à 120 degrés…
Tout un savoir-faire qui finit dans les beaux châteaux et les églises de la région. La France est la plus grande spécialiste mondiale des vitraux, mais risque de perdre ce savoir-faire et ce patrimoine si une directive européenne interdisant l’usage du plomb est votée. Aucune alternative satisfaisante au plomb -dont l’usage est déjà très controlé- n’existe pour l’instant.
Dans l’église voisine, on admirera les vitraux psychédéliques et hauts en couleur de Vivian Oël, un élève de Dali. www.atelier-vitrail.com
Musée des vieux autocars et ébéniste
Autre curiosité des environs, le Musée des vieux autocars à Chabanais regroupe, dans un simple hangar, une impressionnante collection de cars et bus des années 1930 à 1950.
Ivan Lavallade, autre ex-ingénieur au verbe haut, les a dénichés un par un à travers la France après de longues recherches. Il les répare lui-même et les loue pour des évènements ou des tournages de films (« Bardot », « Transatlantique », « Un mensonge oublié »…). www.tourisme-charentelimousine.fr/fiche-sit/musee-des-vieux-autocars-5841486/
Cap vers Barbezieux, en faisant un crochet par l’atelier d’ébénisterie Dream, tenu par un jeune couple diplômé des métiers d’art, qui vous expliquera l’art de la découpe du bois, pour qui sait repérer les bonnes planches, une discipline complexe. Tous deux restaurent des meubles anciens et réalisent de jolis objets contemporains, tels que ces étonnantes tasses à bière. www.ebenisterie-dream.fr
Escapades à Barbezieux et Aubeterre-sur-Dronne
Dans la jolie ville médiévale de Barbezieux, on déambule dans des ruelles fleuries, pour dénicher les meilleurs points de vue sur cette petite cité coiffée d’un château fort, blottie dans le bassin d’Atour-Garonne, sans oublier d’admirer l’église Saint-Mathias, l’un des plus imposants sanctuaires du département.
On poursuivra jusqu’à Aubeterre-sur-Dronne, dernière étape de ce périple. Là encore, mille ans d’histoire affleurent. Cette ville, étape des pèlerinages et classée parmi les « Plus beaux Villages de France », offre ses maisons accrochées à flanc de colline et sa place centrale ombragée de tilleuls. À son sommet, la façade ouvragée d’une église romane tourne nonchalamment le dos aux touristes.
La grande attraction est une fascinante église troglodyte, dissimulée dans la falaise sous le château : l’église souterraine Saint-Jean. Creusée au 12e siècle sur 17 m de hauteur, consolidée par 8000 m3 de pierres, à moitié écroulée au 13e siècle, elle a fait l’objet d’une patiente rénovation. Autrefois, les châtelains, installés, juste au dessus la rejoignaient par un couloir souterrain pour assister aux messe depuis un balcon. Une visite qui constitue une raison supplémentaire de faire le détour par cette région si méconnue.
Les bonnes tables :
La Charente regorge de bonnes adresses et de terrasses avenantes, souvent cachées derrière des vitrines austères. Nous retiendrons deux restaurants, aux styles très différents
Les Drôles, situé à Condéon, derrière une façade qui ne paie pas de mine, figure parmi les adresses particulièrement prisées, réservées aux initiés. Dans le jardin arrière, les plats savamment concoctés défilent pour une ardoise modeste.
www.lesdroles-condeon.fr
Le Moulin de Verteuil, installé dans le charmant village éponyme, propose une carte plus sophistiquée, concoctée avec des produits locaux. Arnaud Dreyfus, le nouveau chef, taquine le foie gras et le topinambour, montés en mousse, élève ses volailles en mille-feuilles aux saveurs raffinées, et glisse des herbes dans ses ganaches. Il restaure patiemment ce vieux moulin, en ouvrant des terrasses sur l’eau qui promettent de délicieux instants à la saison estivale. www.facebook.com/profile.php?id=61565193923618