Marvao : un des plus beaux villages perchés au monde à la frontière Portugal/Espagne
De notre envoyé spécial Roland Machenaud
À 200 kilomètres à l’est de Lisbonne et à 8 kilomètres de l’Espagne, le petit village de Marvao s’accroche au soleil et aux étoiles sur son éperon rocheux doté d’un château multi centenaire.
On y accède doucement par une route sinueuse, procession nécessaire pour oublier les tracas du quotidien et grimper jusqu’à 900 mètres.
Le village de maisons blanches est toujours défendu par des murailles solides, indestructibles : elles portent la marque de Ibn Marwan, dit Le Galicien, converti à l’islam, qui, en conflit avec l’émir de Cordoue, créa Badajoz en 875 et Marvao en 884. Il n’est pas impossible que les Romains, connaissant les richesses minières, aurifères et agricoles de la région, aient profité de ce promontoire exceptionnel et de ce refuge stratégique en cas de conflit. Peut-être même que les Phéniciens et les Tartessos ont vécu sur cette terre généreuse.
Marvao a été repris en 1160 par les troupes du premier roi du Portugal, Alphonse Henrique qui se battait aussi bien contre les Espagnols que les Maures.
Marvao est aujourd’hui l’un des plus beaux villages d’Europe abritant seulement une centaine de personnes en hiver mais attirant des milliers de touristes en été, notamment pendant le festival de musique (voir prochain chapitre) animé par une centaine d’artistes internationaux et fréquenté par 15 000 mélomanes enthousiastes.
Pourquoi faut-il inscrire impérativement Marvao sur votre carnet de destinations touristiques ? Pour quelques raisons très simples :
– le silence des étoiles, la beauté d’un site rare, un rendez-vous avec l’Histoire (visite recommandée de la ville romaine Ammaia ou des 27 dolmens, signatures de la présence humaine depuis la préhistoire
– un haut lieu de la gastronomie définie par des milliers d’années de production d’huiles, de légumes et de fruits, de vins exceptionnels…
– la gentillesse d’une population accueillante qui travaille avec un bel ensemble à la réussite du festival : quelle belle intégration dans une culture et une histoire !
– la Nature du Haut Alentejo et du massif de la Serra de Saõ Mamede offrant de belles et faciles randonnées à moins de 1000 mètres d’altitude. Une « île biologique » où se trouvent des espèces isolées de faune et de flore. Pour les observateurs, admirez l’aigle de Bonelli ou le vautour percnoptère !
– des échappées soit vers des villes proches comme Castelo de Vide ou Portalegre (Lurçat et Le Corbusier ont collaboré avec la manufacture de tapisseries) soit vers les villes espagnoles de Valencia de Alcantara, Badajoz ou encore Caceres)
– les prix plus que raisonnables des services et des produits
– et encore et toujours, le silence de la nuit, la découpe des arêtes de granit ou de quartz présentes depuis le début du monde et l’absence de toute pollution sonore ou visuelle…. Avec un dernier conseil : prévoir un pull le soir, on passe facilement de la chaleur à la fraicheur.
Si votre calendrier le permet, ne pas rater à l’automne la Fête de la Châtaigne, hommage très populaire à un trésor agricole local.
Quant aux hôtels, résidences ou restaurants, tout sur le site https://www.cm-marvao.pt/
Jose Diogo Branco, le chef génial qui vit ici toute l’année !
Marvao ne serait pas Marvao sans Jose Diogo Branco, le chef du petit restaurant gastronomique Fago – 18 places !- , installé au cœur du village et recherché par tous les amoureux de bonne cuisine locale repensée. Né à Porto, Diogo, après ses études de médecine à Coimbra, a d’abord laissé la blouse blanche puis humblement suivi deux ans de formation professionnelle de cuisine avant d’aller se perfectionner au Danemark au célèbre Norma, plusieurs fois nommé meilleur restaurant du monde. Aujourd’hui, le chef passionné a planté sa tente en haut du rocher de Marvao et offre, toute l’année, sa cuisine inventive aussi bien à la population locale qu’aux touristes de passage.
Nous avons pu ainsi goûter avec intérêt les trésors de ce chef de 40 ans qui « aime parler aux gens » et qui sélectionne l’huile d’olive (à partir d’arbres millénaires !), les châtaignes, l’aubergine, le thym le coriandre, l’aneth, le miel (ah, son beurre de miel !), la betterave, les champignons , les pois chiches, pour accompagner porc noir ou agneau de montagne, morue ou maigre.
Quant au dessert, n’hésitez pas entre l’aubergine à la glace ou la betterave au chocolat : prenez les deux ! Arrêt obligatoire : merci de prendre son temps et d’échanger avec le chef. Diogo a plein d’histoires à vous raconter ! Prix moyen du repas : 50 euros. RdM