2025 : une année de chaos aérien vu de l’intérieur. Voici les 18 incidents insolites qui ont bousculé le ciel européen.
Naissances en cabine, ivrognes célestes, panne informatique, bombes de la Seconde Guerre mondiale, oiseaux kamikazes, mégafeux… 2025 s’impose comme une année hors norme, où tout ce qui pouvait perturber un vol… s’est donné rendez-vous dans les airs.
Flightright, l’un des leaders de l’indemnisation des passagers, dévoile les incidents insolites qui ont marqué ces douze derniers mois – et ce qu’ils révèlent du monde. L’humain, magnifique mais faillible. La technologie, brillante mais hypersensible. La nature, certes belle mais imprévisible. Et l’aviation qui doit composer avec les trois… dans un tube pressurisé à 35 000 pieds.
L’humain, premier agent du désordre aérien
L’humain deviendrait-il le premier facteur de perturbation aérienne ? Spoiler : oui. Mille fois oui. D’ordinaire, on recense tout au plus un ou deux accouchements en vol par an. 2025 en a compté quatre : Dakar–Paris/Bruxelles, Bruxelles–Castellón, Muscat–Mumbai… Un véritable cluster statistique, totalement improbable. Les équipages ont dû s’improviser sages-femmes, avant de dériver l’appareil pour un atterrissage en urgence.
La vie qui surgit au-dessus des nuages – comment s’en offusquer ? Les passagers en état d’ébriété, en revanche, sont devenus le cauchemar opérationnel n°1. L’imprévu capable de transformer un avion en bar pressurisé à 900 km/h. En 2025, plusieurs incidents ont donné des sueurs froides au personnel de bord. Un voyageur totalement désinhibé entre Amsterdam et New York, urinant sur son siège et dans l’allée. Six Britanniques turbulents sur un Londres–Alicante, finalement dérouté vers Toulouse. Un autre groupe surexcité sur un Londres–Ibiza, entre cris, bagarres et intervention policière à l’arrivée. Même le cockpit n’a pas été épargné. Une pilote ivre de British Airways a dû être débarquée à Édimbourg après avoir agressé les agents venus la contrôler. Bien qu’elle ne pilotait pas l’avion mais voyageait pour prendre les commandes d’un appareil à destination, son état d’ébriété aura causé 1h30 de retard.
Bruit, sueur… et, pour finir, calme plat. Un contrôleur corse endormi. Seul en poste. Tour injoignable. Aucun feu vert pour l’approche. Résultat : un avion en holds pendant 45 minutes au-dessus d’Ajaccio. Soixante-dix tonnes de métal qui tournent en rond au-dessus d’une île montagneuse.
La technologie, cette drama queen
Après l’humain, la technologie est l’autre grande source de chaos aérien en Europe. On y trouve le très petit, le très vieux, le très fragile et le très complexe.
Deux vols long-courriers d’Air France ont dû opérer un demi-tour après qu’un passager a laissé glisser son téléphone dans les grilles d’aération du siège. Oui, un téléphone. Pas un colis suspect. Pas une menace terroriste. Et pourtant, tout le monde panique. Pourquoi ? Parce qu’une batterie au lithium coincée dans une zone inaccessible devient un foyer thermique potentiel. « C’était juste un iPhone, relax. » Non, non et re-non. Retour immédiat à Paris, sans discuter.
Parfois aussi… l’Histoire se rappelle à nous. À Nantes, une bombe allemande de la Seconde Guerre mondiale a été découverte sous la piste, imposant l’arrêt complet du trafic le temps que les démineurs interviennent. Des avions ultramodernes à 300 millions l’unité cloués au sol par un explosif conçu avant l’invention du transistor. Le passé qui immobilise le futur – littéralement.
Mais l’un des pires scénarios pour un aéroport reste l’Outage. Autrement dit, une panne informatique systémique qui frappe plusieurs couches critiques du contrôle aérien. La fameuse « erreur 404 » en plein pic de trafic dans l’un des plus grands hubs français : plus de départs, plus d’autorisations, plus de gestion du sol, plus de séquences d’approche. Le lendemain matin, 15 % des vols supprimés. Le contrôle aérien, c’est comme le cerveau : quand il décroche, tout le reste suit.
Quand le ciel reflète le monde
La nature, elle-même, a laissé sa marque sur l’année 2025. Foudre, oiseaux kamikazes, mégafeux, rongeur stowaway façon Mission Impossible. Elle a sorti tout son arsenal.
À Brest, un épisode orageux d’une rare violence a frappé la tour de contrôle comme un coup de règle sur les doigts. Surtension instantanée, écrans noirs, radios muettes, trafic figé. Dans le jargon, on appelle ça un lightning strike with operational impact – et ce n’est pas fréquent.
Plus au sud, à Madrid, un vol Iberia pour Paris a dû se reposer après une collision aviaire. Le choc a endommagé le nez de l’appareil et provoqué de la fumée en cabine. On l’ignore souvent, et pourtant : à 260 nœuds, un pigeon devient une brique mouillée propulsée par un canon. Sur un vol Air Corsica Bastia–Nice, c’est un rongeur sans billet, repéré par une hôtesse, qui a entraîné un retour immédiat et une immobilisation pour inspection complète.
Le feu aussi s’en est mêlé. Les incendies autour de Narbonne puis de Marseille-Provence ont forcé des déroutements et parfois interrompu les atterrissages : fumées épaisses, visibilité en berne, rafales brûlantes. La météo extrême et les mégafeux sont désormais un paramètre opérationnel à part entière – au même titre que la neige. Le feu au sol a plus de pouvoir qu’une tempête en altitude. Il bloque les avions aux portes comme des mouches sur un ruban.
2025 n’est pas seulement une « année insolite ». C’est une année miroir. Et elle dit quelque chose.
L’aérien n’est pas fragile.
Il est sensible – intensément sensible – à tout ce qui compose le monde.
« Derrière chaque incident, il y a aussi un passager. Notre rôle est de clarifier les droits de chacun et d’accompagner chaque voyageur, indemnisable ou non. » – Imane El Bouanani, responsable juridique de Flightright


