Sterling Ruby au MaMo par Ora Ïto Centre d’art de la Cité radieuse de Marseille
Jusqu’au 8 septembre
Le MaMo d’Ora Ïto, plateforme d’art contemporain située à la Cité Radieuse de Le Corbusier à Marseille, présente du 27 juin au 28 septembre, une installation composée d’une sculpture majeure et d’une peinture rarement présentée de Sterling Ruby. En préparation depuis une dizaine d’années, ce projet réunit la sculpture monumentale de Ruby DOUBLE CANDLE (2018) et sa plus grande peinture aérosol, WALL (2017). L’exposition place les œuvres phares de Ruby dans un dialogue remarquable avec l’une des réalisations architecturales les plus radicales du XXe siècle. Pour Ruby un artiste basé à Los Angeles dont le travail explore depuis longtemps la transformation matérielle, les structures sociales et l’environnement construit il s’agit d’une occasion rare de s’engager dans l’héritage culturel et symbolique de La Cité Radieuse, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Installée sur le toit de la « ville verticale » brutaliste de Le Corbusier, DOUBLE BOUGIE se compose de deux formes en bronze de plus de sept mètres de haut. Conçues à l’origine comme des sculptures souples en Polyfleece, ces bougies en bronze conservent les coutures et les plis visibles du tissu. La sculpture partage sa patine vert-bleu avec des monuments oxydés tels que la statue de la Liberté, ce qui confère à l’œuvre une gravité sereine. Ruby a décrit les formes duales bougies, tours ou sentinelles en termes de rituel domestique et de mémoire collective, faisant subtilement référence aux tours jumelles de New York et à l’image de perte et de résilience qu’elles ont laissée. Une édition antérieure fait partie de la collection permanente du Hirshhorn Museum and Sculpture Garden à Washington, DC. À Marseille, la présentation de cette importante sculpture modifie sa perception, s’opposant au béton de la structure brutaliste des moulages en bronze faits à partir de textiles rembourrés. Sa forme ondulante fait écho à celle des cheminées sculpturales et uniques du bâtiment, réorientant le symbolisme de la balise vers la ville.
On peut également voir au MaMo d’Ora Ïto WALL (2017), la plus grande peinture de la série SP (Spray Painting) de Ruby. S’étendant sur plus de sept mètres de large, la toile est composée de bandes, de lignes et de gouttes de couleurs diffuses superposées. L’utilisation récurrente de la ligne d’horizon, un dispositif formel qui ancre le spectateur alors que les géométries brumeuses de la composition le désorientent évoquent simultanément des clôtures, des paysages atmosphériques ou des murs urbains embrumés. Rappelant la tradition de la peinture de paysage, Ruby confronte le spectateur à un monde contemporain en mutation, faisant écho à une lignée d’artistes qui se sont tournés vers le sud de la France à la fin du XIXe siècle tels que Paul Cézanne, Vincent van Gogh et Paul Signac attirés par sa lumière unique et ses panoramas étendus.
Cependant, les paysages de Ruby sont réfractés à travers la lentille de la décadence urbaine et de l’anxiété écologique, réinterprétant cet héritage pour le vingt-et-unième siècle. La sensibilité de l’artiste à l’égard de la couleur résonne également profondément ici ses patines et ses atmosphères visuelles entrent en dialogue avec la théorie de la couleur de Le Corbusier et du bâtiment polychrome, dans laquelle la couleur est utilisée comme un outil spatial et émotionnel. Des œuvres similaires de la série SP se trouvent dans de grandes collections publiques, notamment à la Tate de Londres, au Centre Pompidou de Paris, au Solomon R. Guggenheim Museum de New York, au San Francisco Museum of Modern Art et au Museum of Contemporary Art de Los Angeles.
La juxtaposition de DOUBLE CANDLE et de WALL crée une conversation intense avec La Cité Radieuse elle-même, une structure conçue comme un modèle de vie communautaire d’après-guerre. Les interventions de Ruby répondent non seulement à son architecture formelle, mais aussi à l’identité stratifiée de la ville de Marseille en tant que port méditerranéen, façonné par le mouvement, la mémoire et la réinvention.
À propos du MaMo par Oraïto
En 2013, le designer français Ora Ïto a fondé MaMo (Marseille Modulor) dans l’ancien gymnase perché au sommet de la Cité Radieuse de Le Corbusier à Marseille. Conçue par Le Corbusier et achevée en 1952, La Cité Radieuse est un modèle pionnier de l’architecture et de l’urbanisme modernistes d’après-guerre. Conçu comme une « ville verticale », le bâtiment comprend 337 appartements en duplex le long de couloirs intérieurs, ainsi qu’une école, un hôtel, des magasins et une terrasse sur le toit intégrant la vie quotidienne dans une structure unique. Basée sur le système Modulor de Le Corbusier, qui harmonise l’architecture aux proportions humaines, la structure prône la collectivité, la fonctionnalité et l’union du corps et de l’espace. Aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle reste un monument vivant de la pensée architecturale radicale et continue d’inspirer les artistes, les architectes et les urbanistes du monde entier. MaMo by Ora Ïto a renouvelé l’esprit d’innovation et les échanges culturels qui animaient le site à l’origine. Présentant des artistes de renom tels que Daniel Buren, Jean-Pierre Raynaud et Xavier Veilhan, il est devenu une pierre angulaire de la scène culturelle marseillaise, dépendant de la ville au réseau mondial de l’art contemporain.
THE MOUNTAIN , une exposition de nouvelles œuvres de Ruby, sera présentée à la galerie Gagosian et dans d’autres lieux de Gstaad, en Suisse, du 11 juillet au 7 septembre.
L’exposition est organisée en collaboration avec Gagosian et rendue possible grâce au généreux soutien de Zara Home.
À propos de Sterling Ruby
Sterling Ruby (né en 1972, américain/néerlandais) vit et travaille à Los Angeles. Il a obtenu une licence en beaux-arts à la School of the MaMo – Communiqué de presse Art Institute of Chicago et une maîtrise en beaux-arts à l’Art Center College of Design de Pasadena, en Californie. Sa pratique multimédia englobe la sculpture, la peinture, la céramique, la photographie et l’installation.
Les œuvres de Ruby font partie de nombreuses collections de musées, dont le Museum of Modern Art de New York, le Solomon R. Guggenheim Museum de New York, le Centre Pompidou de Paris, la Tate de Londres, le Whitney Museum of American Art de New York, le Los Angeles County Museum of Art et le Moderna Museet de Stockholm. Des expositions individuelles ont été organisées récemment à l’Institute of Contemporary Art de Boston, à l’Institute of Contemporary Art de Miami, au Nasher Sculpture Center de Dallas et au Belvedere Museum de Vienne.
Informations pratiques
RUBIS STERLING
Jusqu’au 28 septembre 2025
MaMo d’Ora Ïto, Centre des Arts de la Cité Radieuse
280 Boulevard Michelet, 13008 Marseille
